Fleurs d'Arménie


Scabiosa Caucasia (Scabieuse du Caucase)

  En plein été, la vallée de l'Ararat est un mirage de rocs, sauf là où l'irrigation fait naître des oasis de melons, légumes et fruits. Le long de la route entre Gümri et Erevan, on croirait traverser la Vallée de la Mort (de Californie).

Mais en mars et avril, la foule s'attroupe en ces lieux pour admirer les miracles de la Nature, car l'hiver prend fin et la neige accumulée sur une épaisseur de plusieurs mètres commence à fondre et former des rubans d'eau qui abreuvent les vallées verdoyantes. Retournez en mai sur la route de Gümri à Erevan, et les gens vous excuseront de croire que vous êtes entrés dans un paradis d'un vert ressemblant au vert émeraude d'Irlande.

Certains jurent que l'Arménie ne passe jamais du printemps à l'été dans les montagnes, car on compte sept périodes de printemps, s'échelonnant en cercles concentriques sur les flancs des montagnes. Même en plein été, à quelques kilomètres du Mont Aragats, la terre se couvre de couleurs, et l'air frais de la montagne joue avec les coquelicots, les bleuets, les orchis, les iris et les glaïeuls.


A une heure de trajet d'Erevan se trouvent cinq topographies différentes, chacune avec ses propres variétés de fleurs, de chaque côté de la route. Alors qu'un des côtés est bordé de forêts remplies d'espèces sylvestres, l'autre peut être semi désert, ou marécageux, ou steppe de montagne, ou prairie alpine.


Le printemps est une saison magnifique en Arménie.

L'automne comporte un léger sentiment de regret, même si d'abondantes moissons sont transportées vers les marchés, et que les voitures grincent sous le poids des fruits et légumes.

En septembre, les gens poussent un soupir de soulagement à la fin des vagues de chaleur de l'été, et les rues et les trottoirs grouillent de promeneurs et de passants. Mais dès octobre, ils parlent de calfeutrer les fenêtres, de nettoyer le poêle à bois, ou de stocker du fioul pour l'hiver.

Dans les champs, les milliers de rouges et de bruns, restés depuis des mois sans pluie, commencent à devenir gris. Les sommets des montagnes reposent sous une couverture de neige. Bientôt les neiges vont plonger la terre dans le sommeil, et les voisins vont se cloîtrer dans leurs maisons pour la longue nuit d'hiver.

 


Heracleum Mantgazzianum (Grande Berce du Caucase)


Mais le printemps est toujours une promesse. Du sommet de la montagne enneigée, dès février, on peut déjà remarquer des petites vagues de vert entre les lignes de neige de la vallée. Et en avril, le terrain toujours changeant ressemble à des vagues couleur pastel dans la brise. Le rouge, le rose, le bleu, le jaune et le violet jaillissent comme des vagues de couleur dans les champs de verdure, d'un vert qui apparaît soudainement en avril, à travers les vallées et s'étale en cercles concentriques sur les flancs des montagnes en mai et en juin.



Galanthus Caucase (Perce-neige du Caucase)

  Avec 17 zones de végétation, la variété de la vie végétale est vraiment étonnante. Le pays a tout, depuis la brousse semi déserte jusqu'aux forêts à feuilles caduques et aux conifères ; des marais grouillant de faune et flore aquatiques, et des régions sub-tropicales aussi bien au nord qu'au sud, jusqu'aux prairies alpines couvertes de fleurs sauvages.

Il y a même des champs vierges de graines sauvages, les ancêtres des premiers blés des temps anciens, qu'on croit avoir été cultivés en Arménie il y a 12 à 15000 ans. Connus par leurs noms génériques Triticum Urartu (blé de l'Ourartou) et Triticum Araraticum (blé de l'Ararat), ils sont originaires de la vallée de l'Ararat et on peut les trouver dans les réserves entre Erevan et Garni.

Sont aussi originaires d'Arménie l'abricot et la pêche. L'abricot a été rapporté par l'armée d'Alexandre le Grand en Grèce, d'où les Romains l'ont répandu à travers l'Europe du sud. Parmi les autres fruits du pays, citons les pommes, les poires, les cerises, (mazzards), les prunes, les grenades et des variétés étonnantes de raisins.


Admirateurs japonais

La flore arménienne est si diverse et si riche qu'il semble n'y avoir rien de plus à faire qu'à ajouter un ou deux cactus, quelques palmes et une forêt tropicale humide pour obtenir presque complètement la diversité de la vie végétale du monde. L'Arménie a plus de 3500 espèces de plantes, plus de la moitié des 6000 espèces de la région transcaucasienne (alors que l'Europe a environ 20000 espèces) pour une masse totale de 30000 km2 (environ la taille de la Belgique). La diversité de la flore d'Arménie et la proximité de tant d'espèces différentes dans un petit espace est à couper le souffle.

Le flore d'Arménie a ses fans également hors d'Arménie. Depuis plusieurs années, des touristes botaniques japonais viennent faire des randonnées en Arménie pour des spécimens rares et des espèces de fleurs menacées de disparition, qu'on trouve seulement en Arménie.


Les visiteurs japonais viennent en mai, quand la flore est encore abondante dans les vallées et commence à s'épanouir sur les hauteurs. Le professeur botaniste Nora Gabrielian, internationalement renommée, membre de l'Académie des Sciences, sert de guide lors de ces visites " d'observation des fleurs ". Elle explique que pour le Japonais l'attrait de la flore arménienne n'est pas seulement exotique. Au Japon, où l'art de l'arrangement floral (Ikebana) est devenu une sorte d'obsession nationale, les fleurs belles et rares sont hautement appréciées.

Des espèces uniques d'iris, de renoncules, de colchiques, de fritillaires, de glaïeuls, de tulipes, jacinthes, orchidées, crocus, grenadiers, tournesols, soucis et pervenches sont quelques-unes des milliers qui attirent les pèlerinages annuels des touristes japonais au printemps.

 


Prunus Armeniaca (Abricotier)


Interrogée sur les meilleurs endroits pour observer la flore, la spécialiste Nora Gabrielian répond que toute l'Arménie offre d'excellents endroits pour observer les fleurs, mais les plus beaux spécimens se trouvent dans les lieux où se rejoignent les vallées et les prairies de montagne relativement isolées.

Ne voulant pas favoriser un poste d'observation plutôt qu'un autre, le professeur Gabrielian présente un aperçu de la flore (noms latins) pour les passionnés d'horticulture :



Centaurea Karabagh (Centaurée du Karabagh)

  Les canyons de Garni et de Geghard ont des fleurs très rares qui ne s'ouvrent qu'au printemps, et parmi lesquelles on peut citer : Gladiolus atroviolaceus, Nigella oxypetala, Actynolema macrolema, Gundelia tournefort, Verbascum saccatum, Lallemanita iberica, Roemeria retracta, Scabiosa argentea, Scorronera paposa, Muscari beglecta, Stchys inflata, Astragalus distyophysus, A. kochianus, Achillea tenuifolia, Helichrysum rubicundum, Silena spergulifolia.

Le défilé de Géghard est particulièrement unique avec des spécimens tels que : Linaria armeniaca, Acantholimon bracteatum, Illium akana, Tulipa julia, Corydalis augustifolius, Orni-thogalum mountanum, O. gussonei, Campanula choziatorskyi, Bellevalia longystila, Muscari neglecta, Lotus goebelia, Astragalus strictifolius, Serratula serratuloides, Tomanthea aucheri, Malus oreientalis, Prunus divaricata, Sorbus graeca, S. persica, S. aucuparia, Crataegus orientalis, C. lacimiata.


Dans les régions d'Aragats se trouvent : Merendera trigyna, M. raddeana, Colchiam bifolium, Purdminia scilloides, Scilla armenia, S. siberica, Tulipa julia, Iris caucasia, Muscari caucasicum, Bellevalia pycnantha, Ornithogalum schelkovnikovii, O. brachystachys, O. hyastanum, Fritillaria caucasia, Nectarosordum tripedale, Osp of gagea, Myosotis alpestre, Amenone caucasia, Orchis coriophora, Gladiolus tenuis.

La flore de steppe moins élevée, broussailleuse : Gladiolus atroviolaceus, Nigella oxypetala, Actynolema macrolema, Gundelia tournefort, Verbascum saccatum, Lallemanita iberica, Roemeria retracta, Scabiosa argentea, Scorronera paposa, Muscari beglecta, Stchys inflata, Astragalus distyophysus, A. kochianus, Achillea tenuifolia, Helichrysum rubicundum, Silena spergulifolia.

La flore de steppe de montagne : Gladiolus atroviolaceus, Nigella oxypetala, Actynolema ; macrolema, Gundelia tournefort, Verbascum saccatum, Lallemanita iberica, Roemeria retracta, Scabiosa argentea, Scorronera paposa, Muscari beglecta, Stchys inflata, Astragalus distyophysus, A. kochianus, Achillea tenuifolia, Helichrysum rubicundum, Silena spergulifolia.


Le lac Sevan

La flore des bords du lac : Prangos ferulacea, Eremurus spectabilis, Tulipa julia, Iris paradoxa, iris caucasica, Scutellaxia orientalis, Crambe orientalis, Cleome ornithovodioides, Gypsophila elegans, Senecio vernalis, Silene chlorantha, Reichardia dichotoma, Srophularia olgae, S. armeniaca, S. grossheimii, Artemisia absinthium, Spiraea crenata.

La flore de montagne : Iris furcata, Anemone fasciculata, A. raminculoides, Primula ruprechtii, P. macrocalyx, Trollius patulus, Caltha polypetala, Veratium lobelianum, Palsatilla armena, Corydalis persica, Fritillaria caucasica, Betonica grandiflora, Prunus spinosa, Sedum pilosum, Sempervivum transcaucasicum, Malus orientalis, Pyrus caucasicus.

 

 


Erodium Pelargoniflorum (Erodium à fleur de Pélargonium)

Vayots Dzor et Siunik

Sur les rives de la rivière : Alkanna orientalis, Cerasus incana, Prus, salicifolia, Cerasus
mahaleb, Amygdalus ferzlinia, Spirala crenata, Saxifraga cymbalaria, Linaria armeniaca,Acantholimon bracteatum, Illium akana, Tulipa julia, Corydalis augustifolius, Orni-thogalum mountanum, O. gussonei, Campanula choziatorskyi, Bellevalia longystila, Muscari neglecta, Lotus goebelia, Astragalus strictifolius, Serratula serratuloides, Tomanthea aucheri, Malus oreientalis, Prunus divaricata, Sorbus graeca, S. persica, S. aucuparia, Crataegus orientalis, C. lacimiata.

Sissian et Goris : Iris lineolata, I. Caucasica, Merendera mirzoeval, Colchicum Szoritsii, Gagea ssp., Puschkinia scilloides, Draba ssp., Lallemautia caneseeus, Ranunculus ssp., Myosotis alpestris, Pedicularis ssp., Trifolium ssp., Gladiolus kotschyanus, Silene ssp.

La flore de montagne de Kapan et Meghri :Tulipa florensvyi, T. confusa: f. pink, f. red, f. yellow, Iris grossheimii, I. Paradoxa, I. Caucasica, I. Pseudocaucasica, I. Atropatana, Mesendera candissima, Colchicum zangezurum, Hyacintella atropatana, Fritillaria kurdica, F. armena, Orchis simma, O. schelvcornikovii, O. stvenii, O. coriphora, Steveniella satyroides, Cephalanthera epipactoides, Epipactis latifolia, Acantholimon fedorovii, Reseda globulosa, Cercis griffithii, Gladiolus szovitsii, G. atroviolaceus, G. italicus, Punica granatum (wild), Tournefortia siberia, Calendula persica.

La partie nord de Meghri et Kapan : Iris imbricata, Tulipa sosnovskyi, Fritillaria pinardii, F. armenia, Colchicum ninae, C. Szovitsii, Merendera raddeana, Crocus asamii, Corydalis persica, Ornithogalum sigmoideum, O. transcaucasicum, Genista transcaucasica, Mespilus germanica, Scilla mistscheukoana.

Kapan et Vorotan : Iris lineolata, I. Paradoxa, I. Caucasica, Allium stamineum, Bellevalia paradoxa, B. longystila, Muscari atropatana, M. sosnovskyi, Tulipa Sosnovskyi, Punica granatum, Vinca Vitis sylvestris, Ficus carica (sauvage) .

Source : http://www.tacentral.com
Photographies (prises en Arménie) : Jacques Périgaud
Traduction : Louise Kiffer