Der Zor
Eglise et Mausolée des martyrs arméniens

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Mon amie Marie-Jo, professeur d'histoire, s'était déjà dévouée pour me décrire le beau meuble qu'Emile Gallé avait dédié à l'Arménie martyre sous « Le Sultan Rouge » Abdul Hamid, et qui était exposé au Musée de Reims. (voir l'article dans cet espace sous le n° 62 « La commode : Le sang d'Arménie »)  a profité de ses vacances cette année en Syrie pour aller, exprès par amitié, visiter le site de Der Zor, qui était la destination  finale des déportations des Arméniens en 1915, « terminus pour tout un peuple ».

J'ai le livre de Bardig Kouyoumdjian, (photographe), et Christine Siméone, (journaliste à France Inter), paru aux Editions Actes Sud, intitulé « Deir-es-Zor », avec une préface d'Yves Ternon. Ils ont vu le désert, interrogé les descendants des derniers rescapés. C'est un livre à lire absolument.

Je remercie vivement Marie-Jo  d'avoir fait ce voyage pour moi et la cause arménienne

 

 

Le Génocide et la Résurrection

L'entrée principale du monument

La tragédie des Arméniens... Une page d'histoire, tachée du sang des innocents...

Le génocide d'Arméniens en 1915 est la page la plus noire dans l'histoire du XXe siècle où les Turcs ont tenté d'exterminer une nation tout entière; leurs bourreaux se sont ingéniés farouchement et sauvagement dans le génocide de la population arménienne, sans aucun scrupule de conscience et loin tout esprit bienfaiteur. Il est bien douloureux de décrire ce génocide car c'est une série de crimes abominables qui ont secoué la conscience de l'humanité et ont été condamnés par le monde tout entier.


La colonne de résurrection

Le souvenir de ces massacres est encore vivant dans la mémoire du peuple arménien car il en a résulté l'extermination d'un million et demi de ses fils entre tués et dépeuplés et l'évacuation du pays de son peuple autochtone en l'occurrence l'Arménie Ouest. Les rescapés on émigré vers l'Arménie de l'est, c'est-à-dire la République d'Arménie actuelle, les autres se sont dispersés un peu partout à travers le monde. Ceux-ci représentent ce qu'on appelle la diaspora arménienne.

Quant aux arméniens qui ont émigré en Syrie – le pays qui les a accueillis et leur a ouvert son cœur en les comblant d'amour et de tendresse pour les enlever à leurs tristesses – ils étaient fidèles à ce pays d'accueil et ont travaillé consciencieusement pour son progrès et son épanouissement. Ils ont vécu avec le peuple arabe syrien sur la base de l'amour du prochain et de la fraternité. Les Arméniens ont fortifié cette amitié arabo-arménienne en construisant une église et un mausolée pour les martyrs dans la ville syrienne Deir Ezzor qui a été le dernier point sur la route des caravanes des déportés dans laquelle s'est déroulée l'extermination collective et inhumaine de ceux qui sont restés un Symbole de vie et de don intarissable.

En face de l'entrée principale du mausolée on a érigé un gigantesque monument de commémoration à la mémoire des martyrs, dans lequel se dresse un KHATCHKAR (la pierre de la croix) amené d'Arménie et devant lequel se trouve la flamme de l'éternité à jamais allumée ; des deux côtés se trouvent cinq reproductions des monuments commémoratifs des martyrs arméniens se trouvant partout dans le monde.


La colonne de résurrection devant l'autel

Quant au mur de commémoration à gauche de la place, il porte un certain nombre de KHATCHKARS avec de beaux motifs décoratifs des miniatures arméniennes. Ce mur raconte les drames du peuple arménien.


Mur de l'amitié

A gauche de la place, on a construit la magnifique église qui se vante de son autel contenant des miniatures et des icônes sacrées, elle se lance glorieusement et majestueusement vers le haut pour embrasser le ciel.

En bas de l'église et dans une salle s'élève une grande colonne qui pénètre le centre de l'église.

Quant à la façade de l'entrée principale, elle est décorée de l'intérieur par des pigeons et des croix sculptées soigneusement et avec perfection exprimant ainsi l'amour des Arméniens pour la paix... Leur lutte et leur sacrifice pour établir cette paix.

A droite de la place, nous rencontrons le mur de l'amitié... C'est un mur embelli par des motifs et des gravures de style arabe et arménien exprimant l'amitié intime de ces deux peuples qui ont fraternisé. Le mur porte deux sources sans cesse jaillissantes.


Momument des martyrs de 1915

C'est la colonne de résurrection... On a enterré à sa base les restes des os des martyrs provenant d'AI-Chadadeh, de Souwar, de Markadeh et de Deir Ezzor pour être un témoignage de ces massacres et pour exprimer la volonté du peuple arménien de vivre et sa lutte pour survivre et se perpétuer. Il contient également une salle d'exposition ; pour les livres, les publications, les photos documentaires racontant la souffrance du peuple arménien durant le génocide; en plus, il y a une carte indiquant les centres d'extermination avec un balayage complet des routes d'expulsion auxquelles s'est exposé le peuple arménien. A gauche de la place et directement après l'entrée principale, il y a une salle officielle d'accueil.

Il est difficile de décrire ce monument par les mots et les photos, il faut le voir à l'œil nu et sentir son âme.

Ce monument sacré, construit en pierre et en marbre est justement l'incarnation des mots de protestation tels qu'on les trouve dans le poème intitulé « Le Clocher qui ne se tait pas » du grand poète arménien Barouyr Sevag

Le printemps est arrivé mais la neige est tombée
Ils ont poignardé, ils ont exterminé
Ils ont coupé les têtes des grands et des petits
Ils ont égorgé et martyrisé...
Ils ont détruit et brûlé...
Le sang et les larmes ont coulé
De la rougeur du sang, ils ont coloré les vallées et les
montagnes
Ils ont détruit le ciel bleu
Ils ont tué notre peuple
Ils ont fait du pays plein de biens
Un pays des miettes
L'offrande sacrée, ils l'ont mise dans la bouche du chien
Ils ont voulu laisser un seul arménien
Ils l'ont voulu... Pour le musée
Le printemps est arrivé mais la neige est tombée.


La base de la colonne de résurrection


KHATCHKAR

Ce monument éternel, fruit de l'amitié syro-arménienne, restera un phare allumé racontant aux générations futures le récit de cette histoire horrible, et leur éclairant le chemin d'un avenir brillant et fleurissant auquel participeront les fils du peuple arménien et du peuple arabe syrien dans la fraternité, l'amour et le concorde.

La première pierre fondatrice a été posée le douze Mai 1985 en présence de Sa Sainteté Catholicos KAREKIN II de la maison de Cilicie.

L'inauguration de l'église a eu lieu le trois et le quatre Mai 1991 en présence de sa sainteté également. Ainsi, ce grand monument architectural a été réalisé pour commémorer les martyrs et pour se dresser glorieusement afin de raconter le récit de cette histoire baignant dans la tristesse et la douleur et pour être un signe de la continuité de la vie et de la lutte pour relever le drapeau du droit avec force et intransigeance.

Ce monument se compose de l'entrée principale qui s'élève vers la place avec un immense gradin rappelant les tragédies et les catastrophes abominables auxquelles a été soumis le peuple arménien qui ne s'est pas livré à la tristesse mais s'est relevé avec force pour continuer glorieusement et honorablement la marche de la vie.