Les Arméniens d’Amérique Centrale

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Par le Dr. Pablo Bédrossian
Traduction Louise Kiffer

Le Dr. Pablo Bédrossian (cardiologue) est le petit-fils de Agop Bédrossian, un survivant du génocide, qui vécut jusque l’âge de 101ans. La passion de Pablo est de découvrir l’histoire des Arméniens en Amérique Centrale. Il rassemble des petits bouts et des parcelles d’information au cours de ses voyages, écrit en espagnol et publie sur Internet. Il est né en Argentine et vit maintenant au Honduras. Actuellement, il est directeur de marketing d’une société pharmaceutique.

L’article ci-dessous est une adaptation en français de LOS ARMENIOS EN CENTRO AMERICA.

La présence d’un petit village au bord de l’Atlantique connu sous le nom de « Nueva Armenia » est une curiosité. Il est situé à environ 30 minutes en voiture de La Ceiba, la troisième plus grande ville du Honduras. C’est une communauté « gariganu » : un mélange d’Arawaks ( les habitants d’origine des Iles Caribéennes) et de descendants d’esclaves africains des Indes Orientales britanniques déportés de l’Ile St Vincent à la fin du 18ème siècle. On les appelle des Garifuna, qui est le nom de leur langue.

Il y aussi d’autres contrées au Salvador qui portent des noms en relation avec l’Arménie ou les Arméniens. Au Salvador,il y a une commune dans le quartier de Sonsonate qui s’appelle Armenia. Elle est située au nord-est de San Salvador, près de l’Océan Pacifique. Elle a son propre site web.

Il faudrait aussi mentionner une ferme qui s’appelle Armenia Lorena. Elle se trouve dans San Rafael Pie de la Questa, San Marcos, Guatemala, et est réputée pour ses chutes d’eau de La Trinidad.

On ignore comment et pourquoi ces trois sites ont reçu leur nom.

L’Amérique Centrale est l’une des régions les moins habitées par la Diaspora arménienne. Selon un article du Wikipedia, 30 ou 40 descendants d’Arméniens habitent au Costa Rica ; de 20 à 50 au Guatemala, et de 10 à 20 au Nicaragua. Le Salvador n’est pas mentionné, ni le Panama. L’article précise que quelque 900 Arméniens vivent au Honduras, mais ne cite pas les sources. Ces chiffres sont discutables.

Les Arméniens du Honduras ont eu une petite joie en 2007. Marathon a gagné le match de football de Première Division malgré les difficultés au cours de la rencontre. Manuel Keosseian était en tête de l’équipe. Ce technicien né dans la République orientale de l’Uruguay avait été engagé en 2006.

J’ai entendu parler de deux autres Arméniens.
J’ai découvert le premier à la lecture d’un magazine qui sert de guide pour un tour officiel, appelé « Honduras Tips ». Il mentionnait « qu’un Arméno-Américain possédait un bon restaurant » situé près de La Ceiba, Sambo Creek.

J’allai dans le lieu-dit par une chaude après-midi en 2006. On me dit que l’affaire était vendue, mais le propriétaire y habitait encore. Tout le monde le connaissait. Quand j’ai expliqué le motif de ma visite, il a été très aimable envers moi. C’était un homme dans la soixantaine qui ne parlait qu’anglais.

Il demanda mon nom. Quand j’ai dit Bédrossian, il s’écria, enthousiasmé :
« C’est mon nom de famille ! » Il me dit qu’il était 50 pour cent arménien, et ne connaissait pas d’autres compatriotes au Honduras. Je suis retourné le voir en 2007. On m’informa qu’il était retourné en Amérique pour s’y installer définitivement.

Le second cas concerne une femme âgée , morte depuis longtemps. Apparemment, ses enfants vivent toujours au Honduras, mais n’ont pas de relations avec des Arméniens.

Il y a peut-être une troisième personne. En septembre 2007, le journal « La Prensa » dans sa rubrique sociale, mentionnait un certain Manassarians. Malgré le « s » à la fin, ça semblait bien arménien. Les bureaucrates quelquefois changent les noms des immigrants quand ils arrivent dans le pays.
Celui-là pouvait bien être dans ce cas J’ai écrit au reporter pour le questionner au sujet de Manassarians, mais je n’ai reçu aucune réponse.

La majorité des familles les plus puissantes du Honduras sont chrétiennes , d’origine palestinienne. Elles sont arrivées à la Côte nord au début du vingtième siècle. Il n’y a pas que les Arméniens qui ont souffert du joug ottoman et des persécutions. De nombreux Grecs et Arabes l’ont subi aussi. Ils se sont enfuis du pays, ou ont été chassés. Ils sont arrivés avec des documents turcs. C’est pourquoi, comme en Argentine, ils sont recensés comme « Turcs ».
Cependant, ces Palestiniens étant venus principalement de Béthléem et de Jérusalem, aucun d’entre eux ne veut être confondu avec leurs oppresseurs.

Outre le Honduras, de nombreux Palestiniens se sont installés au Salvador. A remarquer que l’ex-président de cette nation sœur, Elias Antonio Saca, de même que le dernier dirigeant de l’opposition, Schafik Jorge Handal, étaient d’origine palestinienne. Les Palestiniens ont immigré également en masse au Nicaragua avec des passeports turcs. Ces immigrants ont été intégrés dans la vie sociale et commerciale avec autant de succès qu’au Nicaragua. Il y a une expression : « Il n’y a pas de pauvres Turcs ».

Mais revenons aux Arméniens d’Amérique Centrale. Ramon Gurdian, l’un des descendants des Arméniens du Nicaragua, est un directeur de marketing d’une importante société du Guatemala. D’après lui, quelques jeunes Arméniens sont arrivés vers la fin du 19ème siècle au Nicaragua, et ont fait l’histoire. Les frères
Santos et Gurdian Castulo se sont établis au Nicaragua, alors que le troisième, un cousin (Arthur ? Virgil ?) a émigé au Costa Rica.

La famille Ortiz Gurdian est l’un des groupes économiques les plus importants de la région. En 1996, Ramiro Mayorga Ortiz et Patricia Gurdian ont créé la prestigieuse Fondation Gurdian Ortiz consacrée à soutenir la santé et la culture. Le Museum de la Fondation se trouve à Leon, au Nicaragua. Là, je me suis renseigné sur l’origine des Gurdian. Le guide dénia catégoriquement leur origne arménienne. Toutefois, Ramon Gurdian confirma que ses frères et leur cousin étaient venus en Amérique Centrale du pays des « pierres croix » et du Mont Ararat.

En 2006 , visitant le Guatemala, j’ai trouvé dans l’un des plus grands quotidiens du pays, une interview très intéressante de Samuel Berbérian, Doyen de la Faculté de Théologie de l’Universidad Panamericana’. Ce remarquable théologien, né en Argentine, exprima des pensées très profondes et originales.Il me rappela que la foi chrétienne est , pour notre peuple, beaucoup plus qu’une tradition ; c’est une partie de son identité. En l’an 301, l’Arménie devint le premier pays à reconnaître le christianisme comme religion officielle. Son histoire, pleine de martyrs, de persécutions et de génocide, a démontré la foi inébranlable du peuple en Jésus Christ. Samuel Berbérian est souvent consulté par différents médias en tant qu’autorité sur la morale.

Il n’y a pas de communauté arménienne organisée en Amérique Centrale, néanmoins il y a des personnes telles que Keosseian, Gurdian et Berbérian, qui font l’histoire . Ramon Gurdian estime qu’il y a environ 150 Arméniens au Costa Rica, au moins 300 au Nicaragua, 15 au Guatémala, 20 ou 30 à El Salvador. Ce dernier a été la résidence d’Edgardo Surénian, le pasteur évangélique et sa famille, récemment retournés en Argentine.

Évidemment, ce récit n’est pas le produit d’une recherche complète. C’est plutôt un assemblage de pièces pour essayer de reconstruire l’histoire de la Diaspora. Il n’y a donc pas de point final. J’espère rencontrer d’autres compatriotes, à travers cette communication que mon texte pourrait engendrer.
Il se peut que cet article contribue à être un document sur la société arménienne d’Amérique Centrale et fournir un témoignage précieux de notre histoire.

 Dr Pablo Bedrossian can be reached at: Pablo.Bedrossian@finlay.hn

Lire aussi : Arméniens en Amérique Centrale - II